lundi 16 février 2009

Divorce party : un rituel anti-mariage?


Certaines personnes considèrent que divorce party est un rituel fondamentalement contre le mariage et qu'à ce titre ce n'est pas une bonne chose pour l'harmonie de la société (puisque le mariage est une institution sociale qui permet le bon fonctionnement de la vie en groupe et qui régit les relations au sein du couple) et pour le bon développement de l'humanité (puisque la famille est à la base de la reproduction de l'espèce humaine et qu'elle donne le cadre éducatif nécessaire aux enfants). Autrement dit, à l'instar de la démocratie, c'est le moins pire de tous les régimes possibles. Qu'en est-il exactement?

Qu'est-ce donc exactement que ce nouveau rituel de la divorce party qui fait fureur parmi les gens branchés?

Pour résumer schématiquement ce qui a été vu précédemment, certains couples "déterrent" leur vie de célibataire de la même façon que d'autres "enterrent" la belle époque de leur vie de garçon ou de jeune fille, de manière générale pour bien marquer la transition entre la liberté totale que permettrait le célibat et les divers devoirs et responsabilités qu'implique tout mariage et incidemment pour bien s'amuser et profiter du moment présent une dernière fois avant de redevenir sérieux (ou "aussi sages" qu'auparavant).

Les nouveaux divorcé(e)s invitent ainsi tous leurs ami(e)s, hommes et femmes, à une divorce party, parfois les membres de la famille et éventuellement leur ex-conjoint (si le divorce s'est relativement bien passé), ou bien organisent une sauterie entre copines ou une beuverie entre copains seulement pour fêter le nouveau départ que représente la fin définitive d'un mariage (qui a été plus ou moins mal vécu), plus précisément la conclusion officielle de la procédure de divorce (qui s'est plus ou moins mal passée).

Vue sous cet angle là, les objectifs de la divorce party ne sont pas du tout répréhensibles et elle n'a rien de choquant ou d'irritant en elle-même, sauf éventuellement le contenu qu'elle peut avoir le cas échéant mais qui ne concerne au fond que les personnes elles-mêmes et qu'on se doit de respecter au nom des libertés fondamentales de toute personne. Par delà les sentiments personnels que la divorce party suscite et qui sont également tout autant respectables que ceux des personnes divorcées, on voit mal en quoi le fait de vouloir solennellement fêter une nouvelle étape de vie puisse être une mauvaise chose.

Ce qui choque en fait certaines personnes, c'est que la divorce party soit fondamentalement, à leurs yeux, une sorte de rituel anti-mariage, une cérémonie qui "fête" un divorce ou une fête qui "célèbre" la fin d'un mariage. Par delà les motifs invoqués ou les mots employés, la question à se poser est de savoir pourquoi ces personnes considèrent la divorce party comme une très mauvaise chose en soi. Autrement dit, quelles sont les raisons profondes qui les amènent à rejeter le concept même de la divorce-party?

Les deux conceptions du mariage : union indissoluble ou simple entente?

Comme on l'a vu précédemment, le public considère que le mariage représente beaucoup plus qu'une simple union entre deux personnes et dépasse la propre vision du couple. De ce point de vue, on peut comprendre que l'opinion publique s'inquiète du fait que la divorce party remette en cause un certain ordre social. Qu'en est-il pour les intéressés eux-mêmes? En fait, il y a 2 conceptions fondamentalement différentes du mariage.

D'une part, dans certaines religions (par ex. telles que le catholicisme, pour ceux qui suivent fidèlement le crédo de l'Église catholique romaine ou celui de l'Église anglicane, ou bien encore que l'hindouisme), le mariage est considéré comme une union éternelle, un sacrement indissoluble, sauf par la mort, ou pour d'autres (telles que par ex. chez les Témoins de Jéhovah) un engagement à vie qui ne peut être brisé qu'après le décès de l'un des conjoints ou que si le divorce a été prononcé pour cause d'immoralité sexuelle (par ex. en cas d'adultère). Il est clair ici que la divorce party n'est pas concevable puisque le divorce ne devrait pas exister en principe et que les gens qui se sont mariés selon cette conception ne devraient pas logiquement fêter ou célébrer le fait d'avoir rompu leur serment, de la même façon qu'un avocat ou un médecin ou tout autre professionnel régi par un code déontologique ou qu'un représentant du peuple ou un ministre, un roi ou un président, ou qu'un policier assermenté ou tout autre officier ministériel ne peut pas rompre l'engagement qu'il a pris de bien remplir les devoirs de sa fonction, de sa charge ou de sa profession. On verrait mal par ex. que le président Barack Obama face volte-face ou que le président Nicolas Sarkozy renie les engagements qu'il a pris devant le peuple au cours de sa campagne électorale.

D'autre part, dans d'autres religions (telles que par ex. l'Islam) ou pour d'autres gens (par ex. les laïcs ou les non croyants), le mariage est simplement considéré comme un contrat, un pacte plus ou moins privé ou officieux ou un accord plus ou moins solennel et officiel, conclu entre deux personnes consentantes et qui n'est pas obligatoirement un engagement perpétuel mais simplement à durée indéterminée, qui dure tant que les conditions de départ sont respectées et que toutes les choses sont égales par ailleurs ou évoluent équitablement. Pour plus de détails sur le point de vue des Musulmans, voir la conception du contrat (dit nikah en arabe) de mariage (zawaj) dans l'article sur le mariage islamique. Comme le contrat de mariage ne revêt pas ici un caractère sacré ou sacramental et qu'il peut être dissous éventuellement s'il ne fait plus l'affaire ou le bonheur de chacune des deux parties, il n'y théoriquement pas d'obstacle à ce que les gens mariés sous ce régime (ou dans cet état d'esprit ou qui ont mutuellement changé leur vision des choses) organisent une divorce party pour fêter la dissolution d'une entente qui ne leur convenait plus et qu'ils annoncent ainsi à leur entourage qu'ils sont libres à nouveau.

Par delà la vision respective des uns et des autres, force est de constater que les deux dimensions majeures de la réalité humaine, que sont le sexuel et le social, s’imbriquent tellement mutuellement que toute considération isolée de l’une ou de l’autre conduit à une vision tronquée, voire erronée des choses. Il importe donc d'en tenir compte pour avoir une vision globale des choses. Cependant, en relativisant les opinions de chacun, en acceptant qu'on n'a pas forcement tort quand l'autre a raison ou a ses propres raisons et en faisant la part entre ce qui est socialement important et ce qui relève du strict domaine privé, on peut très bien admettre ou tolérer l'existence de la divorce party.

Toutefois, un certain nombre de précautions doivent être prises. En règle générale, la divorce party se passe le plus souvent entre célibataires uniquement. On constate en effet que les personnes mariées sont très rarement invitées à ce type de fête qui célèbre la fin d'un mariage, du moins celles que ça pourrait mettre mal à l'aise ou choquer à cause de leur conception du mariage ou parce qu'elles ne veulent pas être amenées à prendre partie ou se mêler de la vie personnelle du couple. Par ailleurs, selon la quasi-totalité des psychologues, il est également fortement déconseillé d'y faire participer les enfants (les jeunes enfants comme les adolescents jusqu'à l'âge de leur majorité pour leur éviter un choc émotif, et même après quand le divorce s'est relativement plutôt mal passé pour leur éviter de voir un de leurs parents, le plus souvent leur mère, se réjouir d'une rupture qu'ils ressentent comme un traumatisme ou une trahison de l'amour parental qui leur est dû).

Enfin, il est intéressant de noter que, de la même façon que les divorces sont initiés en moyenne, principalement dans les pays de culture anglo-saxonne ou sous influence américaine, dans près de 75% des cas par les épouses, que les prestations compensatoires sont très souvent mises à la charge des ex maris au profit des ex épouses (et ce malgré l'égalité des sexes revendiquée par les femmes), que la garde des enfants est quasiment d'office confiée à la mère et que la résidence principale des enfants est quasiment systématiquement fixée chez la mère (au lieu de se faire de manière alternée et équitablement partagée), la divorce party est une fête organisée plutôt par des femmes et pour les femmes que par des hommes et relativement peu souvent pour les hommes. De manière générale, on constate aussi que l'homme a plutôt le mauvais rôle dans une divorce-party, mais bien sûr ce n'est pas toujours le cas. Outre les raisons invoquées plus haut, ce relent de lutte des sexes est un aspect de la divorce party que peu d'hommes sont prêts à accepter, justement au nom de l'égalité des sexes et du respect dû à toute personne et parce que dans un divorce les torts ne sont pas forcement que d'un seul côté, même si cela peut éventuellement arriver.




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